En Sarkozie, c'est comme à la Foirfouill', tu trouves de tout si t'es malin.
Jeudi 11 novembre,Sarkozy faisait inaugurer sa plaque (il en existait déjà deux) en mémoire des lycéens et étudiants qui s'étaient manifestés ce même jour de 1940 contre l'occupation nazie. Car Sarkozy veut montrer qu'il est un résistant, qu'il aime beaucoup la jeunesse courageuse et qu'il n'a rien du tout, non non non, contre les manifestants.
Rue89 fait état d'un certain nombre de sanctions qui ont été données dans certains établissements aux élèves ayant participé aux blocus des lycées lors des dernières manifs. Car, quand un jeune porte une casquette, une cagoule, s'assoit sur une poubelle, bloque l'entrée d'un lycée, cela s'appelle "violence", isn't it ?
Dans le détail des sanctions données que nous fournit l'article de Rue89, c'est le festival des punitions "à caractère pédagogique" ou comment faire comprendre à nos jeunes imbéciles les bienfaits de la réforme des retraites, autant qu' "à caractère disciplinaire", avec exclusion au Lycée Edouard BRANLY à Lyon où " la mère de Julien, Pascale Roussillon, reçoit la lettre qui officialise le renvoi de deux jours, juste avant les vacances de la Toussaint :
« J'ai reçu un courrier qui m'annonçait le renvoi temporaire de mon fils pour motifs “d'incivisme”, parce qu'il “mettait des barrières et des poubelles devant la porte de l'établissement pour empêcher l'entrée". »
L'Union nationale lycéenne (UNL) signale également une sanction collective, à Firminy (Loire) : tous les élèves qui étaient allés manifester se seraient retrouvés collés, avant les vacances de la Toussaint, sans que les parents ne soient avertis - alors que certains d'entre eux avaient signé des mots d'absence."
Au passage, il paraît que les punitions collectives sont interdites, on le rappelle très souvent aux professeurs. Ah oui, mais j'imagine que là, c'est une loi exceptionnelle (décrétée) parce qu'il y avait état d'urgence !
Le journal révèle également que pour identifier les délinquants, euh, pardon les élèves, les administrations des établissements ont pris des photos des rassemblements et pistent également les discussions Facebook de leurs élèves. Si vous êtes enseignants et que vous souhaitez par exemple publier les photos d'une sortie que vous avez faite avec vos élèves dans le journal du lycée, il vous faut impérativement demander l'autorisation à l'élève concerné s'il est majeur, à sa famille s'il est mineur... ah, mais oui, c'est vrai, là, y avait délit, j'suis bête, ben oui, loi d'exception !
Là comme ailleurs, l'ordre et la sécurité matent les libertés d'expression. Est-ce nouveau ? Non. Conseils de discipline pour Romain Goupil et ses copains meneurs des manifestations lycéennes en 1968.
Entretien du jeune R.GOUPIL et de Marguerite DURAS, le 10/03/1968 :
Rien de neuf décidément dans notre Etat d'exception ?
Rien. Rien à part l'école au service de la régression sociale. 1 jeune sur 5 vit sous le seuil de pauvreté. Les enfants diplomés des classes moyennes vivent chez leurs parents encore à 27 ans en attendant un hypothétique premier salaire ; les enfants déclassés sortis sans diplome vont à la Banque alimentaire et sont souvent par nécessité poussés aux conduites illégales. Penchons-nous d'encore un peu plus près sur les chiffres du suicide chez les jeunes...enfin pas trop près non plus, on pourrait glisser !