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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 12:20

     Merditude-des-choses.jpg On fut bien avisé de me conseiller de voir La Merditude des choses, le film de Felix van Groeningen, sorti en décembre 2009. Très bon film au passage, qui nous arrache de franches poilades, antidote dérisoire et pourtant essentiel pour qui veut surmonter cette merditude. Film porteur d'espoir.

 

     Du coup, c'est à un autre film que ce dernier m'a renvoyé, vu il y a longtemps, retrouvé en VHS au fond d'un carton. NE PAS AVALER de Gary Oldman. Enorme film, bien plus implacable dans la merditude, finalement. Ce n'est pas qu'on fasse la compétition, remarquez.

      NE PAS AVALER est une oeuvre amorale, comme la vie. C'est d'ailleurs ainsi que Gary Oldman l'a voulue – et réussie.

      Pourquoi devrait-on s'infliger un tel tableau ? Car, quand on en est, de la merditude des choses, cette piqûre de rappel peut être à la limite du soutenable. Quant à ceux qui n'en sont pas, bien qu'exotique, NE PAS AVALER n'est pas une visite touristique. On n'est pas chez Ken Loach. On ne trouvera dans le film de Gary Oldman ni esthétique de la misère, ni commisération qui offrent un refuge à la bonne conscience.

      Tout est laid, sombre, sale, gris. Tout, tout sauf peut-être les quelques sourires de Valérie et de sa fille. Parce que oui, quelque part, il y a de l'amour. Mais tellement recouvert de merditude qu'il est devenu impuissant et que le lien affectif n'est plus ce qui sauve, mais au contraire, ce qui brule, et qui peut vous consumer toute une vie; si rien ne vient adoucir la douleur d'être.

      Car la vraie merditude des choses, c'est que les victimes sont parfois des bourreaux et que les bourreaux sont aussi des victimes. Comme le dit Gary Oldman, la limite est si délicate, si mouvante, au sein même de l'histoire personnelle d'un individu.

      Ray est un monstre qui bat sa femme et qui tue à petit feu son jeune beauf toxico. Lorsqu'enfin Valérie aura réussi à se sauver de Ray ainsi que sa petite, c'est cette même Valérie qui rira innocemment en pensant à son jeune frère incarcéré, à l'évocation des mauvais traitements auquel celui-ci doit être exposé... Rideau.

      Bien évidemment, le décor est planté dans une famille londonienne économiquement sinistrée. Bien sûr, c'est là que la merditude des choses est la plus collante et voyante. L'erreur serait pourtant de croire que la beaufitude est l'apanage des pauvres.

      Là où La Merditude des choses nous donne à voir le parcours du jeune Gunther Strobbe qui sent très tôt qu'il lui faut fuir son milieu familial et qui croise le soutien discret et aimant de sa grand-mère, NE PAS AVALER nous livre un Mark condamné par sa propre famille.

 

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