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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 19:50

Ou

Lettre ouverte à ceux que nous avons élus et que nous élirons.

 

M.le Président de notre République a présenté ses vœux au peuple de France. Le peuple français aimerait lui présenter ses souhaits. Une monarque respectable convoque régulièrement les Etats Généraux et reçoit les Cahiers de Doléances. Celui qui les convoqua trop tard eut la tête coupée.

 

Certains prétendent que vous êtes monarque. Je me demande en réalité si vous n'êtes pas plutôt le grand patron de l'entreprise France. Un grand patron au zèle missionnaire, certes !

Vous représenterez-vous en 2012 ? Serez-vous réélu en 2012 ? Beaucoup le prédisent.

Mais, comme chante votre Carla, « y'a quelqu'un qui m'a dit » aussi que vous n'êtes pas très populaire, que l'on ne vous aime plus (car vous fûtes élu), que vous avez déçu certains qui avaient cru à votre marque de fabrique énergique et à votre culture du « résultat », sauf que quand certains des résultats leurs sont retombés sur le pif, paf!, ils ont compris leur douleur.

Je ne lis pas encore dans le marc de café. Car, ce qui m'inquiète, ce n'est pas tant votre personne - au contraire de certaines formations politiques qui, en lieu et place d'arguments, ont fait du TSS (ToutSaufSarko) un programme - , et vous avez suffisamment de disciples (Coppé, Besson, Bertrand, et combien d'autres...) pour que la Sarkozie demeure après vous si aucune opposition réelle à votre politique ne se constitue efficacement et très rapidement.

 

Pour tout dire, il me plaît même d'imaginer que vous n'avez nullement l'intention de briguer un second mandat, parce que Président de la République est une étape dans votre carrière d' « entreprenant ». C'était un défi de le devenir. Défi accompli. Cela pourrait être un défi de le rester, mais votre ambition et votre culte de la réussite vous pousseront à le relever également.

Vous n'aurez de cesse de sortir de cette fonction en concluant pour qui voudra l'entendre : « j'ai réalisé ce pour quoi j'ai été élu, je n'ai pas menti comme mes prédécesseurs ».

Et c'est plutôt cette situation qui est inquiétante, car je crains que vous poursuiviez scrupuleusement votre politique actuelle que je juge, en quantité de points, désastreuse. Je vous crois « jusqu'auboutiste ». Si vous deviez vous représenter, vous seriez plus soucieux de votre popularité. Or, si vous êtes plus obsédé par la réalisation de vos objectifs politiques, c'est parce que vous allez passer le flambeau... et les apprentis successeurs ne manqueront pas. C'est pourquoi, il est bien plus important de combattre vos idées et votre conception de la politique que votre personne.

 

Et une grande partie du peuple de France a fait ce rêve :

 

Changer la représentation que beaucoup d'élus - et surtout ceux qui sont le plus loin de leur base électorale - ont de l'exercice de leur fonction. On répète à satiété que les Français font de moins en moins confiance à leurs représentants. S'est-on demandé pourquoi comment ? Parce que la classe politique dirigeante a vidé les institutions démocratiques de leur suc, c'est-à-dire du dialogue ininterrompu ou de la circulation des idées du bas vers le haut. Ce qui donne à peu près le schéma suivant :

1 - Périodiquement sont prévues des élections

2 – Sont alors déployées de toutes parts les promesses électorales sensées accorder les voix

3 – Puis c'est l'entrée dans la fonction des élus

4 – La fonction législative est de porter au plus haut les revendications des citoyens pour que par le vote, elles deviennent lois; la fonction exécutive est de faire appliquer la loi votée. C'est à ce niveau que se situe la crise de représentativité quand

a) dans la fonction législative (Parlement), l'élu représente plus la ligne de conduite des dirigeants de son parti que les revendications de ses électeurs. C'est la crise que traverse actuellement le PS, parti qui n'a d'opposition que le nom, et dont les électeurs se détournent de plus en plus.

b) dans la fonction exécutive (gouvernement), lorsque ce sont ses membres qui imposent le vote de lois, par exemple, parce qu'ils obéissent à un homme, à un programme, à des électeurs ou à d'autres organes de pression alors qu'ils devraient être au service du Parlement.

Les risques de dérives dans l'exercice de ces fonctions sont corporatisme, centralisme, autoritarisme.

 

Il y a fort à parier que ces dérives soient inhérentes au système même de la représentation démocratique, car tout système a ses défauts, est imparfait.

 

Que peut donc faire l'électeur qui ne s'estime plus entendu par ses élus, que peut donc tenter le citoyen qui ne se sent plus pris en compte par ses gouvernants ? Si l'élu assure sa fonction pour ses électeurs, il ne faut jamais perdre de vue que le gouvernement doit exercer son pouvoir pour l'ensemble des citoyens. Ainsi Président de la République, ce n'est pas Président de ou député UMP.

 

Tout d'abord, exercer ses droits. Droit de grève (quand on peut financièrement se le permettre), droit de pétition, droit de réclamation, droit d'expression. Demander des comptes à vos élus par courrier, par mails ou en vous déplaçant à leur permanence, à leur meeting. Faire fonctionner des institutions méconnues comme le Médiateur de la République ou le Conciliateur de Justice. Essayer de ne pas s'isoler malgré l'abattement, s'informer s'il existe des associations ou des collectifs de défense. Faire circuler l'information.

 

Au moment où tout concoure à nous faire douter d'être dans une démocratie vivante, il nous faut justement lui insuffler l'oxygène qui lui manque.

 

La circulation de la parole et de l'opinion du bas vers le haut, de la base citoyenne vers les élites dirigeantes est un des derniers remparts contre une république moribonde. Elle doit permettre de réguler les politiques gouvernementales en fonction des priorités qui se présentent.

M.le Président, vous invoquez souvent comme excuse que vous ne pouviez prévoir la crise. Soit. On ne vous demande pas encore de lire dans le marc de café, si toutefois elle était réellement imprévisible. Cependant, elle est là. Depuis un ptit moment même. C'est pourquoi, il faudrait revoir, à mon humble avis, votre politique sociale. Je pense notamment au système RSA qui me préoccupe particulièrement en ce moment. Cette politique d'indemnisation était déjà en elle-même une politique sévère, mais dans ce nouveau contexte de crise économique, elle devient insoutenable pour les plus démunis d'entre les citoyens. Ceux-ci attendent de vous que vous adaptiez ce système aux conditions actuelles qui sont particulièrement défavorables et qui risquent de perdurer. Les citoyens n'attendent pas de votre gouvernement que vous appliquiez un programme de candidat de 2005, mais que vous gouverniez dans l'intérêt général du moment. C'est cela aussi le sens politique qu'exige de vous votre fonction.

En ce qui concerne les partis dit d'opposition, les citoyens, très prochainement électeurs, attendent d'eux qu'ils prennent en charge les problèmes soulevés par ces données économiques et sociales, et qu'ils opposent à la politique actuelle des alternatives profondes et concrètes, et pour cela, qu'ils entendent et portent, sans extorquer en chemin, la demande collective.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

T
<br /> La citation est d'un auteur que, j'en suis sûr, tu connais bien : celui qui a écrit L'homme révolté. La citation devant être tirée, si mes souvenirs sont exacts, du Mythe de<br /> Sisyphe. L'ami Camus, of course...<br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> Ah ben oui que je le connais l'gars Camus, c'est le même qui disait : "Ce n'est pas parce qu'on recherche la vérité qu'on ne peut pas prendre parti".<br /> <br /> <br />
T
<br /> Je partage l'avis de Grainedananar en de nombreux points ; mon commentaire risque donc de manquer de combativité et ne sentira pas le souffre de la polémique, mais tant pis... J'aimerais réagir sur<br /> quelques aspects.<br /> Que M. le Président soit "jusqu'auboutiste", c'est, hélas ! une réalité. Une attitude qui se double d'une vision hyper-idéologique - bien qu'il s'en défende et les siens avec lui. Vision d'un monde<br /> qui ne peut subsister et réussir que par le biais d'une politique ultralibérale et élitiste : ne réussiront que celles et ceux qui s'en donneront les moyens (quels que soient ces moyens, seule<br /> important la fin), celles et ceux qui sont bien né(e)s, celles et ceux pour lesquels on crée un bouclier fiscal pendant que les autres, les perdants, crèvent la faim au RMI ou au RSA...<br /> Que cette politique ne doive pas être réduite à une question de personne, celle de M. Sarkozy, certes. Même s'il incarne de manière très décomplexée ce que la droite libérale a de pire. Les troupes<br /> sont là, en effet, et très motivées...<br /> Quid alors de l'opposition ? Deux remarques s'imposent. La première, c'est que la minorité du PS et de ses alliés au Parlement ne lui permet de fait aucune opposition constructive. La seconde,<br /> c'est que ce parti est miné par ses querelles internes (des querelles de personnes plus que d'idées, malheureusement...) et son manque de combativité et d'idées.<br /> Quant au rôle du Parlement, il demande à être réinterrogé : il n'est actuellement qu'une chambre d'enregistrement, la très grande majorité des projets de lois ne provenant pas du législatif, mais<br /> bien de l'exécutif. Et comme la majorité est UMP, le Parlement ne vote pas pour la Nation, mais bien pour un parti  et son idéologie - et un homme, désolé d'y revenir. Il est d'ailleurs à<br /> noter le nombre exponentiel de projets de ces lois, votées dans l'urgence, et dont beaucoup ne sont pas appliquées et pas applicables, faute de décret d'application ou tout simplement parce<br /> qu'elles sont en l'état inapplicables.<br /> Sur la crise : elle était prévisible - et l'a été avant qu'elle n'éclate par quelques observateurs qui n'étaient pas des devins ni des affionados du marché, mais simplement des analystes<br /> intelligents et rigoureux de la finance. Mais comme la majorité des analystes - ceux qui chroniquent sur les ondes, notamment - préférait suivre benoitement la doxa libérale et que les avisés<br /> n'étaient qu'une poignée, il n'est pas difficile de laisser croire que personne ne savait ni ne pouvait savoir...<br /> Que reste-t-il au citoyen de base que nous sommes, alors ? S'informer, ce qui demande un minimum de savoir et donc d'éducation ; comprendre, ce qui demande un minimum de savoir et donc d'éducation<br /> ; protester, ce qui demande un minimum de savoir et donc d'éducation ; utiliser ses droits, ce qui demande un minimum de savoir et donc d'éducation... Or, la politique de l'éducation de ce<br /> gouvernement ne vise-t-elle pas à saper ce savoir et cette éducation en imposant un "socle commun", et en substituant des "compétences" et "savoir-faire" aux savoirs - ou en sanctionnant ceux<br /> qui, par conscience, s'opposent à cette idéologie ? Il faut agir, certes, il faut agir. Mais décidément, ce ne sera pas facile... Mais, n'est-ce pas, "être privé d'espoir, ce n'est pas désespérer"<br /> comme l'écrivait celui que l'on préférerait panthéoniser que de lire... Alors, agissons !<br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> Si la fin du commentaire n'est pas un appel à la grève de demain, j'en veux rien ! T'as raison !<br /> Par contre, là où t'es vache, c'est que tu donnes pas la réponse sur la citation. Elle est de qui "Etre privé d'espoir, ce n'est pas désespérer." ?<br /> <br /> <br />